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Prix France-Liban 2024 attribué à Marwan Chahine

12/12/2024

Le jury du Prix France-Liban de l'ADELF s'est réuni mardi 3 décembre 2024 afin de choisir son lauréat pour l'édition 2024. Le Prix est attribué au récit de Marwan Chahine paru aux Éditions Belfond : « Beyrouth, 13 avril 1975. Autopsie d’une étincelle ».

 

Le jury a salué cet ouvrage ambitieux, de plus de 550 pages, qui mène une recherche exigeante autour d’une date majeure de l’histoire du Liban. Le résultat de ce long et minutieux travail se présente sous la double forme d’une enquête et du récit de cette enquête ; il revêt également une dimension autobiographique qui le rend particulièrement attachant et singulier. S’il apporte des réponses solidement établies, cet ouvrage soulève moult questions. Et dessine en creux le portrait d’un pays hanté par ses fantômes, piégé par un passé qu’il évite pourtant d’interroger avec lucidité. Chahine s’empare courageusement de tous ces paradoxes et parvient à nous passionner, confrontant les multiples versions d’un même événement, retrouvant une foultitude de protagonistes qui jamais ne racontent la même histoire. Reste une interrogation plus que jamais d’actualité : comment devons-nous raconter nos histoires, et notre Histoire ? 

 

L’Agenda Culturel a posé trois questions à l’auteur.

 

Comment peut -on écrire tant de pages pour un seul incident ?

Je n’avais pas du tout prévu de passer autant de temps sur cette enquête et d’y consacrer un livre aussi épais. Peut-être est-il à la hauteur du silence qui entoure l’événement et la guerre en général... Si j’ai eu besoin d’autant d’espace, c’est que j’ai voulu traiter du présent autant que du passé. C’est à la fois un livre sur la guerre et sur la mémoire – pour le moins contrariée- de la guerre. Autour de cet événement symbolique, j’ai essayé de tisser un récit polyphonique et alternatif afin de réunir en un même endroit des mémoires souvent antagonistes. 

 

Comment votre enquête et l’histoire de ce livre permet de mieux appréhender la situation d’aujourd’hui ?

Je ne sais pas si ça permet de mieux appréhender la situation présente mais j’ai le sentiment que les mêmes mécanismes sont toujours à l’œuvre et qu’il en sera ainsi tant que l’on ne regardera pas notre passé avec lucidité. En 1975, la société libanaise s’est divisée autour de la question palestinienne. Pour les uns, c’était un conflit extérieur importé sur le territoire, pour d’autres, c’était aussi une question libanaise. De la même manière, certains considèrent que le soutien du Hezbollah au Hamas était légitime quand d’autres estiment qu’il a entraîné le Liban dans une guerre qui n’était pas la sienne. Si les Libanais n’arrivent pas à se mettre d’accord sur des choses aussi élémentaires, c’est à mon sens parce qu’il y a un problème de fond sur la définition de notre projet national. Nous sommes aujourd’hui à un tournant et si l’on veut que le Liban ait un avenir, il m’apparait plus que jamais nécessaire de redéfinir un projet national tous ensemble. Mon livre n’offre évidemment pas de solution magique mais disons que c’est une tentative pour produire un récit commun. 

 

Quel retour des lecteurs avez-vous déjà sur votre ouvrage ?

Je suis très ému par les retours que je reçois. La plupart d’entre eux proviennent de Libanais, de tout bord et de tout âge, qui ne s’étaient jusque-là jamais vraiment intéressé à la guerre en dehors de ce qu’on pouvait en raconter dans leur famille ou leur communauté. Ils me disent que le livre les a aidés à se confronter à ce passé douloureux, à se réapproprier un peu de leur propre histoire et la regardant d’un œil nouveau. C’était aussi le fond ma démarche : mettre des mots sur les silences de mon père. Et je suis heureux que certains s’y retrouvent à leur manière.

 

Pour information, les membres du jury dont la responsable depuis 2016 est Georgia Makhlouf sont : Carmen Boustany, Albert Dichy, Valérie Marin La Meslée, Abdallah Naaman, Bahjat Rizk et Hyam Yared. Depuis l’édition 2022, le lauréat est invité à rejoindre le jury et à participer à ses choix pendant un an ; Oliver Rohe, lauréat de l’an dernier avec son roman « Chant Balnéaire» paru aux Éditions Allia s’est donc associé aux délibérations. 

 

 

 

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