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Entre Amnistie et Amnésie : Myriam Nasr Shuman

24/01/2025


Entre Amnistie et Amnésie ; où est passé le souvenir de la guerre civile.

A l’occasion des 50 ans de début de la guerre civile libanaise (1975- 1990), Entre Amnistie et Amnésie est une série d’articles publiée par l’Agenda Culturel comme une tribune pour exprimer des souvenirs, des ressentis et des blessures et cicatrices (pour certains encore ouvertes) de la guerre civile.

Les questions sont adressées à toute personne qui désire apporter son témoignage et ses réflexions dans une optique de partage et de message pour éviter de reprendre le chemin de la violence.


Témoignage de Myriam Nasr Shuman, directrice de l’Agenda Culturel.

En repensant à la guerre civile, quels sont les souvenirs ou les histoires les plus marquants qui vous viennent à l'esprit, qu'ils aient été vécus directement ou qu'ils aient été transmis par la famille et les amis ? Comment ont-ils façonné votre identité ?

Tout d’abord, en pensant répondre à ces questions, je ressens un sentiment diffus et confus au fond de moi une sorte de dégout et de peur.

Les souvenirs les plus marquants sont les bombardements et les mises à l’abri. Que ce soit la descente aux abris, se barricader dans la maison en mettant les bibliothèques devant les fenêtres, la fuite vers la montagne (je n’oublie jamais mon père qui prend tout la rue abdel wahab en sens interdit pour aller plus vite…. Je ne sais pas pourquoi cette anecdote m’a frappé à ce point). Et puis aussi les arrêts dans notre vie. L’arrêt de l’école, l’arrêt des projets, l’arrêt des vacances, des voyages et cette incertitude du lendemain.

 

Pensez-vous que l'héritage de la guerre influence votre vie quotidienne, vos décisions et vos relations aujourd'hui ? Pensez-vous qu'il façonne votre sentiment d'espoir ou de crainte pour l'avenir ?

Je pense que en effet, ces arrêts intempestifs de notre vie que l’on vivait pendant la guerre m’ont rendu toujours très prudente pour initier un projet et j’ai toujours obligatoirement des plans B, C, D pour chaque projet, ne serait-ce qu’un déjeuner ou un programme à la plage. Ihtiyat (au cas où)… est un mot récurrent dans mon vocabulaire.

Et par rapport à l’avenir, je me suis habituée à avoir des craintes…. A ce que tout s’arrête brusquement encore et encore.  

 

Dans les moments de réflexion, comment traitez-vous ou exprimez-vous vos pensées et vos sentiments à propos de la guerre - par le biais de conversations, de l'art, du silence ou d'autres moyens ?

Quand quelqu’un ose dire devant moi « c’était mieux pendant la guerre » je réponds qu’il est complètement interdit de dire une chose pareille. La guerre n’est pas acceptable.

 

Est-ce que les guerres de 2006 et de 2024 ont fait resurgir des sentiments, des réflexes, est-ce vous y avez vu comme une continuité de la guerre civile ?

J’étais furieuse et en colère d’avoir à revivre ces moments de peur, de bombardements et d’incertitudes. Et évidement de compter les morts et les blessés….tombés pour rien.

 

Lorsque vous partagez des histoires ou des souvenirs de la guerre avec les jeunes générations, quels messages ou leçons espérez-vous transmettre, et pourquoi ?

Toujours la même chose, la guerre n’est pas acceptable, mais c’est vrai qu’elle est parfois plus facile que la paix. La recherche de la paix, du dialogue, de l’acceptation de l’autre demande DU COURAGE. Donc je leur dis : Soyez COURAGEUX.

 

Aujourd’hui, trente-cinq ans après la fin de la guerre civile et plus de cinq années de crises violentes et éprouvantes, comment envisagez-vous l’avenir du Liban ? Quel rôle pensez-vous pouvoir jouer pour construire cet avenir ?

J’aimerais oser croire que les temps vont changer. Que l’on pourra reprendre notre destin en main en tant que nation. Le peuple libanais est brillant, doué, généreux, humain, et collectivement, au-delà les murs artificiels des divisions confessionnelles, nous pouvons créer un pays phare. Et espérer le retour de nos enfants !

Pour ma part, je compte bien continuer, avec notre équipe, la mission de l’Agenda Culturel et montrer au monde l’excellence de la scène culturelle et artistique du Liban.

 

Voudriez-vous ajouter quelque chose ?

La paix d’un pays ou d’une région commence par soi et son entourage. Si chacun de nous s’attelle à pacifier son environnement, cela peut faire tache d’huile en apaisant les esprits.


Lire les autres témoignages ici.

Si vous désirez vous exprimer et témoigner, cliquez ici

 

 

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