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Entre Amnistie et Amnésie : Catherine Bacholle Nasr

12/02/2025

 

À l’occasion des 50 ans du début de la Guerre civile libanaise (1975- 1990), « Entre Amnistie et Amnésie, où est passé le souvenir de la Guerre civile ? » est une série d’articles publiée par l’Agenda Culturel. Cette tribune offre un espace d’expression pour partager des souvenirs, des ressentis, ainsi que des blessures et cicatrices (parfois encore douloureuses) laissées par la Guerre civile. Les questions s’adressent à toute personne souhaitant partager son témoignage et ses réflexions dans un esprit de dialogue et de sensibilisation, afin de contribuer à prévenir tout retour à la violence.


Témoignage de Catherine Bacholle Nasr, 83 ans, française vivant au Liban depuis plus de 60 ans

 

En repensant à la Guerre civile, quels souvenirs ou récits marquants vous viennent à l'esprit ? Qu'ils aient été vécus directement ou transmis par la famille et les amis, comment ont-ils façonné votre identité ?

Mes souvenirs sont de plusieurs ordres.

Évidement j’avais peur. Il m’est même arrivé d’échapper à des moments qui auraient eu des conséquences catastrophiques. Comme l’explosion devant la pharmacie Berty. Deux de mes enfants étaient restés dans ma voiture garée à côté de celle qui a explosé. Et par miracle ils en ont réchappé. Ou comme le jour où Beit Mery a été bombardé alors que nous habitions un roof ouvert à tous les vents.

 

Comme j’avais à cette époque des enfants en bas âge, il fallait d’une part maintenir à la maison un certain calme et d’autre part se renseigner avant de sortir où que ce soit, par peur des francs-tireurs, principalement pour aller à l’école quand toutefois c’était ouvert. Avec le temps, je pense être devenue fataliste. Je fais ce que je peux et…. on verra.

 

La Guerre civile a-t-elle laissé des traces dans votre vie aujourd’hui ? Si oui, lesquelles ?

Ma vie quotidienne aujourd’hui est celle de la plupart des personnes de mon âge (80+) calme et régulière avec la compagnie de quelques amies du quartier à Beyrouth ou de la montagne en été. Je continue d’espérer que tout cela va finir un jour et je souhaite évidemment que ce soit dans de bonnes conditions pour que les Libanais puissent revenir chez eux et que les jeunes puissent rester ici.

 

Dans vos moments de réflexion, comment exprimez-vous ou gérez-vous vos pensées et vos sentiments liés à la guerre ? Est-ce à travers des conversations, des œuvres artistiques, le silence ou d'autres moyens ?

C’est plutôt par le silence. J’évite d’en parler.

 

Les guerres de 2006 et 2024 ont-elles fait resurgir des moments, des réflexes ou des émotions de la Guerre civile ?

En 2006 j’avais la chance d’être à la montagne où nous étions à l’abri des violences. Pour ce qui est de la vie de chaque jour, le village y pourvoyait suffisamment.

En 2024, j’étais effrayée, consternée par les nouvelles qui nous parvenaient : les destructions, les familles brisées, un sentiment de dégout, de lassitude et de tristesse pour ce pays auquel je me suis attachée.

 

Quand vous racontez vos souvenirs de la guerre aux jeunes générations, quel(s) message(s) voulez-vous leur transmettre ?

Je n’ai pas beaucoup de contacts avec les jeunes, mais installée au Liban depuis plus de 60 ans, je constate que les mentalités ont changé et je leur fais confiance.


Lire les autres témoignages ici.

Si vous désirez vous exprimer et témoigner, cliquez ici

 

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